Quelques heures avant de monter sur la scène de Bastille pour interpréter Golaud dans Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, le baryton-basse Luca Pisaroni revient avec passion pour Ôlyrix sur cette production, son travail et ses projets :

Luca Pisaroni, vous prenez ce soir le rôle de Golaud dans Pelléas et Mélisande à l’Opéra Bastille. Comment avez-vous travaillé ce rôle aussi ambivalent ?

C’était un grand défi pour un italien comme moi : c’est comme si un baryton français devait chanter Rigoletto à La Scala, c’est beaucoup de pression. La difficulté est dans la langue, avec du français ancien, dans la mise en scène de Bob Wilson et dans la musique, qui s’apparente à un grand récitatif avec orchestre. Avant de le travailler, j’ai écouté mon idole José van Dam et j’ai essayé de comprendre son interprétation. J’ai aussi étudié le livret parce qu’il est compliqué. Ensuite j’ai appris les notes, puis le rythme, et j’ai tout mis ensemble. J’adore la façon dont van Dam chante le rôle : il y a toujours une certaine noblesse dans ses accès de rage, et sa voix reste belle. Quand je suis arrivé aux répétitions, j’ai changé cet aspect du personnage, parce qu’il faut parfois faire en sorte que le chant ne soit pas beau pour mieux faire ressentir sa rage. Nous avons beaucoup travaillé cela avec le chef de chant et Philippe Jordan. Je voulais vraiment développer son caractère, montrer toutes ses facettes.

Quel est votre rapport à cet opéra et au personnage de Golaud ?

Lorsque j’ai écouté cet opéra étant jeune, je ne l’ai pas aimé parce que je ne le comprenais pas. Aujourd’hui, à 42 ans, je l’aime beaucoup. Tout le monde peut se voir dans le rôle de Golaud. J’adore la pièce de Maeterlinck et je trouve que Golaud est le rôle le plus intéressant de cet opéra : il y a beaucoup de lumière et d’ombre en lui, il a une trajectoire émotionnelle passionnante. Par moment il est doux, et d’un coup il devient agressif, il ne peut pas contenir sa rage.

Lire le reste de l’interview sur Olyrix